mardi 27 mars 2018

On a pu dessiner notre rêve.


Un entretien avec Lili (17 ans), Christopher (17 ans), Aly (16 ans), Cassandra (16 ans), Romain (14 ans), Anthony (20 ans), Déborah (15 ans), Abdeldader (16 ans), Bakary (16 ans).

La section Pro de l’IMPRO a poursuivi cette année le travail entamé depuis deux ans, avec Lionel (http://broucklionel.wixsite.com/brouckenvrac) pour présenter une BD au concours Hippocampe dans le cadre du festival d’Angoulême.

Si l’année dernière ils avaient remporté l’Hippocampe d’Or, ce ne fût pas le cas cette fois-ci (leur BD a tout de même remporté le deuxième prix !). Mais ce fût l’occasion de réaliser un séjour d’une semaine qui culminait par une visite de deux jours au festival de la BD, séjour financé par le Groupe LOURMEL. Ils nous parlent ici de cette activité et de cette expérience inoubliable.

-Pouvez-vous nous présenter l’activité Bande dessinée ?

Christopher : On a pris un mois pour faire la bande dessinée.

Aly : Avec Lionel est venu le lundi et le mercredi. Lionel c’est le dessinateur qui vient nous aider.

Lili : Nous faisons deux bandes dessinées, en deux  groupes. Ce n’est pas la même histoire.

Aly : Il y deux histoires différentes. Dans la première il y a un astronaute.

Romain : La deuxième histoire c’est avec des super héros et on parle de notre envie.

Aly : Moi c’était Hulk. Il voulait tout casser.

Romain : On travaille sur «J’ai envie de… », c’est le sujet. C’est nos rêves aussi.

Christopher : Mon rêve c’est d’être Cow-Boy et de sauver mes amis.

-Pourquoi réalisez-vous cette Bande Dessinée?

Romain : C’est pour l’Hippocampe. C’est un concours.

Christopher : On a gagné l’an dernier.

Déborah : Nous n’avons pas gagné cette année, c’était triste.

Aly : Mais on a gagné une fois.

Anthony: C’est pas grave.

Lili : Mais on a encore envie de faire le concours.

-Vous apprenez  quoi dans cette activité ?

Aly: le dessin.

Lili : A colorier dans le bons sens et à faire toujours le même geste.

Romain : On prend des idées et si ça plait pas, on refait.

-Justement, ça fait quoi de créer, d’inventer des histoires ?

Lili : Il y a beaucoup d’émotions et on apprend.

Aly : Ca apprend pour plus tard.


-D’ailleurs vous faites des visites d’institutions pour préparer plus tard, pour l’avenir, pour trouver le métier que vous aimeriez faire, pour avoir des idées de stages. Vous avez des idées sur ce que vous aller faire plus tard ?

Romain : Moi j’aimerai aller dans une école ou on travaille aussi, où on fait de la cuisine.

Aly : Comédien, mais pas en ESAT.

Anthony : Pour moi c’est trop dur, j’y arriverai pas.

Romain : Moi, j’ai un rêve, footballeur professionnel.

Cassandra : Moi, je ne veux plus devenir toiletteuse… Je veux travailler à la Mayotte pour plier le linge.

Sandrine, l’enseignante, intervient : C’est parce qu’elle aime le shopping (rires). 

Déborah : Moi je veux faire coiffeuse.

Bakary : Le travail, pour moi, c’est quand je serai grand.

Christopher : Policier pour sauver les gens et les aider.

Abdelkader : Pompier pour sauver les gens et éteindre les feux.

Lili : Mon métier de rêve c’est médecin, mais c’est trop dur. J’aimerais faire les plantes.

-Cette année vous êtes allés à Angoulême. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait là-bas et quels sont vos meilleurs souvenirs de ce séjour ?

Anthony : Se promener.

Bakary : L’exposition avec Garfield.

Lili : L’exposition Fairy Tail où il y avait le petit chat.

Aly : Le restaurant.

Romain : Moi, c’est le grec.

Abdelkader : Il y avait la grotte.

Anthony : et les stalactites.

Christopher : Le dessin au restaurant. Nos visages faits par Lionel.

-Cette activité vous a permis de réaliser énormément de choses, mais quoi en particulier ?

Lili : On a pu dessiner nos rêves.


-Vous poursuivez maintenant un travail en peinture pour réaliser des fresques et avez entamé une activité théâtre. Pourquoi le théâtre ?

Aly : On est acteur. C’est pour faire rire les gens.

Au retour de ce séjour ils se sont attelés à un projet d’envergure : La création d’un pôle culturel. Si la BD est délaissée pour un temps, cela n’empêche pas le groupe de poursuivre une activité en art graphique, toujours avec Lionel. Il s’agit de réaliser de grandes fresques qui à terme seront exposées à l’extérieur. Une manière de s’inspirer du rallye Street Art réalisé pendant le séjour et de créer des œuvres éphémères amenées à subir les affres du temps. Elles représentent les jeunes et la vie à la Mayotte, c'est-à-dire des personnes qui travaillent ici où des figures importantes, comme l’âne Fripouille, mélangés à des personnages de BD.

Le pôle culturel s’articule autour de plusieurs axes dont certains on déjà été explorés ou commencent à l’être: le travail sur la BD, Les fresques, mais aussi le théâtre et des sorties de groupes, qu’elles soient culturelles ou à visées professionnelles. Le but est d’appréhender dans ses différentes dimensions la présentation de soi, que ce soit à travers l’exposition d’œuvres produites ou d’un travail sur le corps. L’activité théâtre est pour cela tout à fait pertinente. Elle est encadrée par Laure, comédienne, metteur en scène et intervenante de l’Association « comme un Théâtre ». (http://www.commeuntheatre.com/metteursenscene.html).

Un film sera réalisé pour la fin de l’année. La pièce ne sera donc pas présentée physiquement aux familles, elle sera filmée. L’idée d’un film est venue à l’issue d’une projection vue au cinéma de Beaumont, film réalisé par le SAJH de Persan. Cela permettra d’évacuer le stress et dans un premier temps d’éviter le trac d’une représentation en public, tout en se mettant en scène pour raconter une histoire dont ils sont les auteurs. Dans cette histoire les jeunes ont décidé de mélanger les références. Hannsel et Gretel avec les Men In Black avec Dupont et Dupond et Manon et Paola avec la Belle au Bois Dormant sans oublier le Grand Méchant Loup.

On voit ici que le travail effectué depuis des mois s’intrique pour se déployer à différents niveaux et que travailler sur un domaine constitue le prétexte pour explorer d’autres champs pouvant être en relation. Une activité se déployant autour de la BD peut permettre d’aborder l’avenir professionnel, un avenir imminent pour certains jeunes, et de bien différencier le rêve et le possible. Ils sont alors amenés à réfléchir sur la notion de métier de rêve et de métier possible en milieu protégé ou pas et commencer de réfléchir à différents lieux de stages. Pour cela certains vendredis ils se rendent dans des institutions pour les visiter. Ainsi, à L’ESAT La Montagne ils ont pu voir que différents métiers sont proposés en milieu protégé : Palefrenier, menuiserie, horticulture, relieur ... et même une troupe de comédiens avec le théâtre du Crystal.


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Maira Gall