Un entretien avec Lili (17 ans), Christopher (17 ans), Aly
(16 ans), Cassandra (16 ans), Romain (14 ans), Anthony (20 ans), Déborah (15
ans), Abdeldader (16 ans), Bakary (16 ans).
La section Pro de l’IMPRO a poursuivi cette année le travail entamé depuis deux ans, avec Lionel (http://broucklionel.wixsite.com/brouckenvrac)
pour présenter une BD au concours Hippocampe dans le cadre du festival
d’Angoulême.
Si l’année dernière ils avaient remporté l’Hippocampe d’Or, ce ne
fût pas le cas cette fois-ci (leur BD a tout de même remporté le deuxième prix !). Mais ce
fût l’occasion de réaliser un séjour d’une semaine qui culminait par une visite
de deux jours au festival de la BD, séjour financé par le Groupe LOURMEL. Ils nous parlent ici de cette activité et de cette expérience
inoubliable.
-Pouvez-vous nous présenter l’activité Bande dessinée ?
Christopher : On a pris un mois pour faire la bande
dessinée.
Aly : Avec Lionel est venu le lundi et le mercredi. Lionel
c’est le dessinateur qui vient nous aider.
Lili : Nous faisons deux bandes dessinées, en deux groupes. Ce n’est pas la même histoire.
Aly : Il y deux histoires différentes. Dans la première il y
a un astronaute.
Romain : La deuxième histoire c’est avec des super
héros et on parle de notre envie.
Aly : Moi c’était Hulk. Il voulait tout casser.
Romain : On travaille sur «J’ai envie de… », c’est
le sujet. C’est nos rêves aussi.
Christopher : Mon rêve c’est d’être Cow-Boy et de
sauver mes amis.
-Pourquoi réalisez-vous cette Bande Dessinée?
Romain : C’est pour l’Hippocampe. C’est un concours.
Christopher : On a gagné l’an dernier.
Déborah : Nous n’avons pas gagné cette année, c’était
triste.
Aly : Mais on a gagné une fois.
Anthony: C’est pas grave.
Lili : Mais on a encore envie de faire le concours.
-Vous apprenez quoi
dans cette activité ?
Aly: le dessin.
Lili : A colorier dans le bons sens et à faire toujours
le même geste.
Romain : On prend des idées et si ça plait pas, on
refait.
-Justement, ça fait quoi de créer, d’inventer des histoires ?
Lili : Il y a beaucoup d’émotions et on apprend.
Aly : Ca apprend pour plus tard.
-D’ailleurs vous faites des visites d’institutions pour préparer
plus tard, pour l’avenir, pour trouver le métier que vous aimeriez faire, pour
avoir des idées de stages. Vous avez des idées sur ce que vous aller faire plus
tard ?
Romain : Moi j’aimerai aller dans une école ou on
travaille aussi, où on fait de la cuisine.
Aly : Comédien, mais pas en ESAT.
Anthony : Pour moi c’est trop dur, j’y arriverai pas.
Romain : Moi, j’ai un rêve, footballeur professionnel.
Cassandra : Moi, je ne veux plus devenir toiletteuse… Je
veux travailler à la Mayotte pour plier le linge.
Sandrine, l’enseignante, intervient : C’est parce
qu’elle aime le shopping (rires).
Déborah : Moi je veux faire coiffeuse.
Bakary : Le travail, pour moi, c’est quand je serai
grand.
Christopher : Policier pour sauver les gens et les
aider.
Abdelkader : Pompier pour sauver les gens et éteindre
les feux.
Lili : Mon métier de rêve c’est médecin, mais c’est
trop dur. J’aimerais faire les plantes.
-Cette année vous êtes allés à Angoulême. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait
là-bas et quels sont vos meilleurs souvenirs de ce séjour ?
Anthony : Se promener.
Bakary : L’exposition avec Garfield.
Lili : L’exposition Fairy Tail où il y avait le petit
chat.
Aly : Le restaurant.
Romain : Moi, c’est le grec.
Abdelkader : Il y avait la grotte.
Anthony : et les stalactites.
Christopher : Le dessin au restaurant. Nos visages faits par Lionel.
-Cette activité vous a permis de réaliser énormément de
choses, mais quoi en particulier ?
Lili : On a pu dessiner nos rêves.
-Vous poursuivez maintenant un travail en peinture pour
réaliser des fresques et avez entamé une activité théâtre. Pourquoi le théâtre ?
Aly : On est acteur. C’est pour faire rire les gens.
Au retour de ce séjour ils se
sont attelés à un projet d’envergure : La création d’un pôle culturel. Si la BD est délaissée pour un temps, cela
n’empêche pas le groupe de poursuivre une activité en art graphique, toujours
avec Lionel. Il s’agit de réaliser de grandes fresques qui à terme seront
exposées à l’extérieur. Une manière de
s’inspirer du rallye Street Art réalisé pendant le séjour et de créer des
œuvres éphémères amenées à subir les affres du temps. Elles représentent les
jeunes et la vie à la Mayotte, c'est-à-dire des personnes qui travaillent ici
où des figures importantes, comme l’âne Fripouille, mélangés à des personnages
de BD.
Le pôle culturel s’articule
autour de plusieurs axes dont certains on déjà été explorés ou commencent à
l’être: le travail sur la BD, Les fresques, mais aussi le théâtre et des
sorties de groupes, qu’elles soient culturelles ou à visées professionnelles. Le but est d’appréhender dans ses différentes
dimensions la présentation de soi, que ce soit à travers l’exposition d’œuvres
produites ou d’un travail sur le corps. L’activité théâtre est pour cela tout à
fait pertinente. Elle est encadrée par Laure, comédienne,
metteur en scène et intervenante de l’Association « comme un Théâtre ».
(http://www.commeuntheatre.com/metteursenscene.html).
Un film sera réalisé pour la fin
de l’année. La pièce ne sera donc pas
présentée physiquement aux familles, elle sera filmée. L’idée d’un film est
venue à l’issue d’une projection vue au cinéma de Beaumont, film réalisé par le
SAJH de Persan. Cela permettra d’évacuer
le stress et dans un premier temps d’éviter le trac d’une représentation en
public, tout en se mettant en scène pour raconter une histoire dont ils sont
les auteurs. Dans cette histoire les jeunes ont décidé de mélanger les
références. Hannsel et Gretel avec les Men In Black avec Dupont et Dupond et
Manon et Paola avec la Belle au Bois Dormant
sans oublier le Grand Méchant Loup.
On voit ici que le travail
effectué depuis des mois s’intrique pour se déployer à différents niveaux et que
travailler sur un domaine constitue le prétexte pour explorer d’autres champs
pouvant être en relation. Une activité se déployant autour de la BD peut
permettre d’aborder l’avenir professionnel, un avenir imminent pour certains
jeunes, et de bien différencier le rêve et le possible. Ils sont alors amenés à réfléchir sur la
notion de métier de rêve et de métier possible en milieu protégé ou pas et
commencer de réfléchir à différents lieux de stages. Pour cela certains vendredis ils se rendent
dans des institutions pour les visiter. Ainsi, à L’ESAT La Montagne ils ont pu voir que différents métiers sont
proposés en milieu protégé : Palefrenier, menuiserie, horticulture, relieur ... et
même une troupe de comédiens avec le théâtre du Crystal.