lundi 4 février 2019

Le seuil, au lieu de passage : le « séminaire nomade » au GEM de Bondy.


Le lundi 28 Janvier, sur une proposition de Noémi Alvarez, psychologue à la clinique de Bondy, le Groupe d’Entraide Mutuelle de Bondy l’Ombragé 93 et ses adhérent.es ont accueilli le « Séminaire Nomade », un temps d’échanges et de rencontres entre soignants et usagers des secteurs de psychiatrie 14 et 15, c’est-à-dire Bondy et Montfermeil. Ce séminaire itinérant existe depuis 8 ans et a pour thème la « créativité dans tous ses états », qu’il s’agisse d’accueil, de soin, d’initiatives artistiques, sportives et culturelles.

Ainsi, un petit groupe de gemmeurs et gemmeuses, stagiaires et animateurs ont pu expliquer le fonctionnement du GEM, ses réussites, ses problématiques, à une quinzaine de participants : psychologues, psychiatres, infirmiers et secrétaires du secteur intra hospitalier. Willy, secrétaire du GEM, souligne les différentes dynamiques liées à l’accueil pour rompre l’isolement : accueil de crise, accueil de nouveaux adhérents …. Comment, et par quelle procédure, le GEM se positionne par rapport à la notion «d’accueil inconditionnel » ? Le GEM peut-il accueillir tout les types de publics : aveugles, poly Handicapés ?  Pour lui, cela pose la question du regard des autres sur le lieu, mais aussi du regard que les gemmeurs-euses portent les uns sur les autres.

 « L’accueil est quelque chose de toujours inédit, pour chaque personne, il recommence tous les jours comme le fil d’Ariane ».        

L’ouverture en autogestion, sans professionnels, a aussi été un temps fort des échanges. David, vice président du GEM, a pu expliquer son ressenti autour de la responsabilité des clés et de l’ouverture en autonomie. Pour Arnold, animateur, La notion de fermeture (hebdomadaire, pendant les vacances …) est aussi la rupture essentielle pour que le lieu puisse assurer une « fonction thérapeutique » ; il faut savoir laisser le lieu se reposer.

Les repas et leur dynamique, la genèse de l’atelier d’écriture vidéo, les randonnées photographiques, l’organisation d’un séjour, autant de sujets qui se prêtent à une exploration créative du quotidien.

C’est au travers de ces problématiques spécifiques, en dehors d’un cadre médicalisé, que le GEM se distingue des institutions, auxquelles il ne saurait, ni ne peut se substituer. Willy note d’ailleurs que c’est l’institution d’un ou de plusieurs cadres propres au GEM qui définit ses processus de création.

Les Gemmeurs-euses, eux, ont pu faire connaissance et se familiariser avec l’existence et le fonctionnement des clubs thérapeutiques. Ils ont aussi pu discuter des « militances » et des « luttes » actuelles, pour des soins à visage humains, prenant en compte la parole des usagers, des familles, et rencontrer des soignants et professionnels dans un contexte autre que celui de l’hôpital et de la « consultation ».

Cette rencontre dénote de la vitalité des liens qui peuvent se créer, hors de toute logique descendante ou de parole experte, entre les personnes, pour peu que l’on ait l’opportunité de déplacer le cadre et instituer une expérience commune, qui ne soit pas simplement la juxtaposition de plusieurs discours.




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Maira Gall