Depuis octobre 2019 un projet
innovant est proposé aux enfants du groupe des Pastoureaux tous les mardis
matins et jeudis après-midis. Ce dispositif, imaginé par Delphine Roche,
psychologue, regroupe des enseignants, des éducateurs et concerne 5 enfants se
faisant appeler Les Explorateurs.
Delphine Roche nous expose les
objectifs et les visées de ce projet singulier.
« A l’origine ce groupe
s’est constitué autour du projet d’accompagnement SESSAD, mais il s’est vite
orienté vers d’autres enfants et d’ailleurs il reste ouvert à de nouveaux
explorateurs. Nous défendons l’idée qu’apprendre doit redevenir un plaisir et
non une contrainte. Nous nous sommes rendu compte que même dans un dispositif
pédagogique spécialisé, certains enfants ont des besoins spécifiques, qu’ils ne
peuvent entrer dans les apprentissages qu’en ayant recours à la manipulation.
Ils doivent passer par le concret, le tangible. Nous utilisons par exemple des
petits jeux de rôle autour de l’ajout pour leur permettre de concrétiser les
techniques opératoires du calcul.
Autre point important, ces
enfants ont besoin de circuler, de se déplacer, d’utiliser la motricité. Pour
cela ils n’ont pas de places attribuées. Nous leurs proposons plutôt des
espaces dans lesquels se poser en fonction des besoins. Ils peuvent alors
passer d’un lieu à l’autre suivant le type de recherche qui les occupe et
qu’ils poursuivent.
Nous cherchons à apprendre
autrement, donc, mais déjà, nous cherchons à être ensemble. A être autonome
ensemble dans les activités.
Les explorateurs sont des
chercheurs. Nous cherchons beaucoup et nous nous rendons compte qu’il y a une
multitude de réponses possibles, qu’il n’y a pas une seule manière de répondre,
mais plein d’autres et nous prenons le temps d’explorer ces différentes pistes.
Nous prenons le temps. Il peut nous arriver d’observer une chrysalide pendant
deux heures si nous en ressentons le besoin.
Nous jouons aussi sur les fils
associatifs. Si un domaine d’exploration est largement investi nous nous y
arrêtons, le temps d’en faire le tour. Par contre, si un autre ne nous plaît
pas, ne nous parle pas, nous n’insistons pas. La spontanéité est un outil
auquel nous nous référons très souvent. Cela permet de travailler l’estime de
soi qui est en lien avec les fonctions exécutives telles que la patience,
l’attente.
Nous travaillons également sur ce
que nous ressentons. Les émotions, toutes les émotions qui nous traversent. La
peur revient souvent. La peur d’être ensemble, la peur de ce que nous ne
connaissons pas et nous nous aidons mutuellement pour dépasser ces peurs. J’ai
d’ailleurs du faire un énorme travail sur moi pour surmonter ma peur des rats
lorsque nous les avons observé.
Notre champ d’investigation est
vaste. Régulièrement nous nous rendons au Château de la Chasse pour y observer
la nature en fonction des saisons. C’est d’ailleurs notre fil rouge, la nature.
Nous prenons des photos. Nous avons expérimenté la germination, nous nous
sommes également intéressés à la biosphère, la stratification des sols. La
transformation dans toutes ses dimensions, celle des animaux, des aliments, de
nous même. »
« C’est ce que je fais qui
m’apprend ce que je cherche », c'est le peintre Pierre Soulages qui le dit,