mardi 25 février 2020

Les explorateurs : "C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche."




Depuis octobre 2019 un projet innovant est proposé aux enfants du groupe des Pastoureaux tous les mardis matins et jeudis après-midis. Ce dispositif, imaginé par Delphine Roche, psychologue, regroupe des enseignants, des éducateurs et concerne 5 enfants se faisant appeler Les Explorateurs.

Delphine Roche nous expose les objectifs et les visées de ce projet singulier.

« A l’origine ce groupe s’est constitué autour du projet d’accompagnement SESSAD, mais il s’est vite orienté vers d’autres enfants et d’ailleurs il reste ouvert à de nouveaux explorateurs. Nous défendons l’idée qu’apprendre doit redevenir un plaisir et non une contrainte. Nous nous sommes rendu compte que même dans un dispositif pédagogique spécialisé, certains enfants ont des besoins spécifiques, qu’ils ne peuvent entrer dans les apprentissages qu’en ayant recours à la manipulation. Ils doivent passer par le concret, le tangible. Nous utilisons par exemple des petits jeux de rôle autour de l’ajout pour leur permettre de concrétiser les techniques opératoires du calcul.

Autre point important, ces enfants ont besoin de circuler, de se déplacer, d’utiliser la motricité. Pour cela ils n’ont pas de places attribuées. Nous leurs proposons plutôt des espaces dans lesquels se poser en fonction des besoins. Ils peuvent alors passer d’un lieu à l’autre suivant le type de recherche qui les occupe et qu’ils poursuivent.

Nous cherchons à apprendre autrement, donc, mais déjà, nous cherchons à être ensemble. A être autonome ensemble dans les activités.

Les explorateurs sont des chercheurs. Nous cherchons beaucoup et nous nous rendons compte qu’il y a une multitude de réponses possibles, qu’il n’y a pas une seule manière de répondre, mais plein d’autres et nous prenons le temps d’explorer ces différentes pistes. Nous prenons le temps. Il peut nous arriver d’observer une chrysalide pendant deux heures si nous en ressentons le besoin.

Nous jouons aussi sur les fils associatifs. Si un domaine d’exploration est largement investi nous nous y arrêtons, le temps d’en faire le tour. Par contre, si un autre ne nous plaît pas, ne nous parle pas, nous n’insistons pas. La spontanéité est un outil auquel nous nous référons très souvent. Cela permet de travailler l’estime de soi qui est en lien avec les fonctions exécutives telles que la patience, l’attente.

Nous travaillons également sur ce que nous ressentons. Les émotions, toutes les émotions qui nous traversent. La peur revient souvent. La peur d’être ensemble, la peur de ce que nous ne connaissons pas et nous nous aidons mutuellement pour dépasser ces peurs. J’ai d’ailleurs du faire un énorme travail sur moi pour surmonter ma peur des rats lorsque nous les avons observé.

Notre champ d’investigation est vaste. Régulièrement nous nous rendons au Château de la Chasse pour y observer la nature en fonction des saisons. C’est d’ailleurs notre fil rouge, la nature. Nous prenons des photos. Nous avons expérimenté la germination, nous nous sommes également intéressés à la biosphère, la stratification des sols. La transformation dans toutes ses dimensions, celle des animaux, des aliments, de nous même. »


« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche », c'est le peintre Pierre Soulages qui le dit,



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Maira Gall