Jeux de société et pédagogie.
Au
sein des classes du DITEP les enseignants utilisent de plus en plus les jeux de
société comme outils pouvant permettre d’aller vers les apprentissages. Ils
mettent ainsi de côté toute la charge émotionnelle pouvant peser sur des jeunes
en situation d’échec scolaire.
On
peut tout travailler avec les jeux de société. On peut aborder le rapport aux
règles, les contraintes, la compréhension, la mémoire, l’attention, la
déduction, l’imaginaire, l’expression orale, les émotions, la lecture, les
calculs, la coopération, la stratégie, l’élaboration.
Utiliser
les jeux de société permet aux jeunes de se projeter, de se repérer, de
repousser les limites de la concentration, on peut en cas de besoin adapter ou
simplifier les règles en fonction des connaissances à atteindre.
L’un
des intérêts premier du jeu de société, il n’est pas inutile de le préciser,
réside dans la socialisation, l’émulsion par le partage, le groupe. Il y a de
la confrontation, bien sûr, un gagnant, des perdants, parfois une victoire
commune et partagée.
Le
fait de jouer reste synonyme de plaisir et d'absence de contraintes sociales.
Le jeu est souvent considéré comme récréatif, voire purement ludique, et en
conséquence, il permet des apprentissages formels et cognitifs sans mettre de
pression sur les jeunes que nous accompagnons. Manière de se mettre au travail
sans s’en rendre compte.
N’oublions
pas que le jeu est une phase essentielle du développement de l’enfant. Il favorise
la structuration affective et relationnelle. L'enfant grâce au jeu se distancie
par rapport à certaines situations, se découvre comme auteur et acteur de ses
actes. Dans le jeu il est possible d’affirmer son autonomie en s'adaptant
continuellement à de nouvelles situations.
Nous
aimerions par ce court article introduire une rubrique qui serait constituée de
présentations par les différents professeurs œuvrant dans nos structures de
jeux qu’ils utilisent à différent moments. Pourquoi ils s’appuient sur ces jeux
précisément, ce qu’ils proposent de travailler en y ayant recours ?
Les explorateurs : "C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche."
Depuis octobre 2019 un projet
innovant est proposé aux enfants du groupe des Pastoureaux tous les mardis
matins et jeudis après-midis. Ce dispositif, imaginé par Delphine Roche,
psychologue, regroupe des enseignants, des éducateurs et concerne 5 enfants se
faisant appeler Les Explorateurs.
Delphine Roche nous expose les
objectifs et les visées de ce projet singulier.
« A l’origine ce groupe
s’est constitué autour du projet d’accompagnement SESSAD, mais il s’est vite
orienté vers d’autres enfants et d’ailleurs il reste ouvert à de nouveaux
explorateurs. Nous défendons l’idée qu’apprendre doit redevenir un plaisir et
non une contrainte. Nous nous sommes rendu compte que même dans un dispositif
pédagogique spécialisé, certains enfants ont des besoins spécifiques, qu’ils ne
peuvent entrer dans les apprentissages qu’en ayant recours à la manipulation.
Ils doivent passer par le concret, le tangible. Nous utilisons par exemple des
petits jeux de rôle autour de l’ajout pour leur permettre de concrétiser les
techniques opératoires du calcul.
Autre point important, ces
enfants ont besoin de circuler, de se déplacer, d’utiliser la motricité. Pour
cela ils n’ont pas de places attribuées. Nous leurs proposons plutôt des
espaces dans lesquels se poser en fonction des besoins. Ils peuvent alors
passer d’un lieu à l’autre suivant le type de recherche qui les occupe et
qu’ils poursuivent.
Nous cherchons à apprendre
autrement, donc, mais déjà, nous cherchons à être ensemble. A être autonome
ensemble dans les activités.
Les explorateurs sont des
chercheurs. Nous cherchons beaucoup et nous nous rendons compte qu’il y a une
multitude de réponses possibles, qu’il n’y a pas une seule manière de répondre,
mais plein d’autres et nous prenons le temps d’explorer ces différentes pistes.
Nous prenons le temps. Il peut nous arriver d’observer une chrysalide pendant
deux heures si nous en ressentons le besoin.
Nous jouons aussi sur les fils
associatifs. Si un domaine d’exploration est largement investi nous nous y
arrêtons, le temps d’en faire le tour. Par contre, si un autre ne nous plaît
pas, ne nous parle pas, nous n’insistons pas. La spontanéité est un outil
auquel nous nous référons très souvent. Cela permet de travailler l’estime de
soi qui est en lien avec les fonctions exécutives telles que la patience,
l’attente.
Nous travaillons également sur ce
que nous ressentons. Les émotions, toutes les émotions qui nous traversent. La
peur revient souvent. La peur d’être ensemble, la peur de ce que nous ne
connaissons pas et nous nous aidons mutuellement pour dépasser ces peurs. J’ai
d’ailleurs du faire un énorme travail sur moi pour surmonter ma peur des rats
lorsque nous les avons observé.
Notre champ d’investigation est
vaste. Régulièrement nous nous rendons au Château de la Chasse pour y observer
la nature en fonction des saisons. C’est d’ailleurs notre fil rouge, la nature.
Nous prenons des photos. Nous avons expérimenté la germination, nous nous
sommes également intéressés à la biosphère, la stratification des sols. La
transformation dans toutes ses dimensions, celle des animaux, des aliments, de
nous même. »
« C’est ce que je fais qui
m’apprend ce que je cherche », c'est le peintre Pierre Soulages qui le dit,
Le repas Pav des Korrigans.
L’ITEP Commin a une histoire, un
passé. Certaines traditions se perdent alors que d’autres émergent. Une des
traditions bien encrée et indémodable, un des grands classiques comme on dit,
reste le célébrissime et acclamé Repas Pav
ou plus communément appelé Repas Pavillon. En soirée, généralement, les enfants
internes et les adultes préparent un repas. C’est toujours l’occasion de se
concerter sur les plats à préparer ensemble, de découvrir de nouvelles saveurs,
d’autres goûts. De mettre la main à la patte. Ce qui se déguste ensemble se
prépare ensemble.
Mercredi dernier sur le groupe
Lombarde c’était Crumble et Tacos fait maison ...
La Communication Non Violente, ou, la CNV.
Par Pierre-Alain, éducateur.
Ce
samedi 18 janvier, les DITEP Commin et Laborie ont assisté à une conférence sur
la communication non violente. Les familles des enfants que nous accompagnons
étaient également conviées et un grand nombre d’entres-elles se sont déplacées.
Cette
conférence, présentée sous formes de petites scènes, était animée par la Compagnie
du Théâtre du Fil de la Vie et plus particulièrement par Carole
Delery et Muriel Gorius.
Carole
et Muriel ont pu nous exposer les grands principes de la CNV de manière
ludique, mais consistante. Une introduction qui mériterait d’être davantage
déployée.
La
communication non violente est
un processus de communication élaboré par Marshall Rosenberg, psychologue disciple de Carl Rogers, qui
propose de mettre en avant la bienveillance et l’empathie qui sommeillent en
nous, ou que nous n’osons exprimer du fait de notre éducation et des habitudes
allant à contre courant de ce besoin pourtant essentiel.
Muriel
et Carole ont dès lors tentées de nous chambouler dans nos habitudes, dans
notre schéma de pensée et de réaction en nous demandant de nous questionner,
d’envisager un autre mode relationnel avec l’autre. Par exemple, communiquer sans
chercher à nuire, développer l’authenticité, s’ouvrir et accueillir, écouter
vraiment sans chercher à couper la parole. Dialoguer, c’est avant tout savoir
écouter.
La
CNV, c’est se remettre en question, se questionner sur nos habitudes, nos réflexes,
nos conditionnements. C’est d’abord se donner les moyens de se mettre en lien avec
soi-même pour envisager autrui dans une démarche reposant sur notre
bienveillance naturelle.
Néanmoins
il n’est pas aisé de se remettre en question quand depuis des années nous avons
une manière d’entrer en relation avec l’autre, que nous avons des réflexes, des
moyens de nous protéger, de contrôler, de maîtriser notre rapport au monde. Il
y a un vacillement inaugural qu’il est parfois compliqué d’intégrer. L’ouverture
à un autre système de communication n’est pas aisée.
Marshall
Rosenberg part de sa conviction que l’homme est porté naturellement à aider
l’autre, à donner. Recevoir, s’ouvrir à l’autre, l’écouter, mais aussi Ecouter nos
besoins et ses besoins quand ils entrent en compétition. Ces émotions parfois
contradictoires qui nous traversent, il faut tenter de les différer, accepter
d’être différent, d’être pris dans des désirs opposés. Pour cela, il est
important d’exprimer ses sentiments,
ses émotions et ses attitudes.
Carole et Muriel nous ont permis d’assister aux différentes phases
pouvant aller d’une communication unilatérale et fermée qui génère de la
friction, des conflits à une solution non violente, qui prend réellement mes
besoins et les besoins de l’autre en compte pour trouver un terrain d’entente.
Ce n’est pas toujours possible. Elles nous ont donné des outils, en particulier
les deux types de discours ou d’attitude pouvant s’opposer. Le chacal et la
girafe.
Le chacal est au ras du sol. Il aboie, il râle, n’écoute que ses besoins,
là maintenant, tout de suite. La girafe prend par nature de la hauteur. Elle
arrive à mettre de la distance entre elle et ce qui pourrait être source de
soucis et à se questionner quand à ce qu’elle veut et peut pour elle et pour
l’autre.
Dans ce compte rendu j’espère ne pas avoir dénaturé la pensée défendue
par la compagnie du théâtre de la vie et par Marshall Rosenberg. Je voulais ici
dire comment cette pensée m’avait traversé, comment j’y avais un temps été
récalcitrant, pour y voir au fur et à mesure les possibilités et les ouvertures
qu’elle véhicule.
Pour découvrir la compagnie de Théâtre du Fil de la Vie, vous pouvez cliquer ICI.
L’IMPRO Zazzo et le DITEP Freire à Angoulême.
Comme chaque année, jeunes,
professeurs et éducateurs de l’IMPRO Zazzo ont fait le déplacement pour participer au concours de dessins se
déroulant en la ville d’Angoulême dans le cadre du plus célèbre festival
international de bande dessinée du monde. C’était l’occasion aussi, de profiter
des différentes expositions et ateliers proposés dans le cadre du festival du
neuvième art.
Le neuvième art, cette expression fut créée en 1964 par Morris, le
créateur de Lucky Luke, et par Pierre Vankeer. Elle permet de considérer la
bande dessinée comme un art à
part entière, au même titre que le cinéma, la photographie, le dessin, etc
Un emploi du
temps bien chargé pour nos créateurs en herbe :
Un rallye
photo à travers la ville pour y apprécier les fresques qui ornent les murs. Une
manière agréable de visiter de la ville, la connaître et de s’y repérer,
Un atelier
monstre de Karensac pour y explorer les coulisses d’une BD,
Un passage par
Manga City,
Un atelier
Mickey animé par Aré et Morgan,
La visite de
l’exposition de Jean Frisano traitant le thème du héro, de Tarzan à Marvel,
Un arrêt lecture
à la librairie du musée,
Un voyage dans
la tête de Pierre Cristin pour y découvrir le métier de scénariste qui explique
que "Le scénariste, c'est celui qui travaille
en premier, celui qui construit une histoire, qui bâtit les dialogues, qui
donne des tas d'éléments sur ce que doit être le dessin."
Et pour finir une
mémorable rencontre avec Monsieur Emmanuel Macron, Président de la république,
qui a longuement échangé avec eux.
Nous tenons également à saluer le prix Hippocampe BD collectives catégorie DITEP / 5-12 ans remporté par Naïm, Hélène, Aliah et Karim, jeunes du DITEP Paolo FREIRE à Marines, pour leur BD "Incroyable Enzo". Pour la lire, c'est en cliquant ICI. Bravo !
mardi 11 février 2020
A la rencontre de l'autre : Les Humanités à fleur de peau.
Depuis le début de l’année,
Benoit, éducateur des Pastoureaux, propose aux jeunes du groupe des sorties
culturelles. Ils se sont ainsi rendus au musée Guimet pour y découvrir les arts
asiatiques, au musée du quai Branly pour y admirer les arts des
civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques ... Benoit, chaque
semaine leur fait découvrir de nouveaux continents, de nouveaux espaces, de
nouveaux mondes, de nouvelles formes. D’autres façons de penser et de voir, de
représenter l’homme et la vie : découvrir des Humanités qui sont aussi les nôtres.
Benoit nous explique
sa démarche : « Je pense qu’il est important de se déplacer, d’aller
physiquement à la rencontre de l’art, de tous les arts et des différentes
manières de s’exprimer.
Le monde dans
lequel nous vivons est accessible avec quelques clics. Nous pouvons voyager à
l’autre bout du monde sans bouger de notre salon. Je défends l’idée que nous devons aussi appréhender les choses réellement, nous y confronter depuis le corps. C’est
important d’aller vers la culture, de faire ce chemin pour la rencontrer, de
prendre du temps pour y aller. C’est également une manière d’aller à la
rencontre de l’autre, des autres façons de vivre ou de se repérer.
Des visages et des masques au musée du quai Branly. |
Sur le chemin du
retour nous échangeons beaucoup autour de ce que nous avons vu, ce qui
nous a plu, ce qui nous a choqué ou que
nous trouvons bizarre. Les mots sont importants pour comprendre. Les mots
deviennent le lieu et le lien pour palier nos difficultés et nous comprendre. Bien
souvent les difficultés entre les personnes proviennent du fait qu’ils
n’arrivent pas à communiquer leurs ressentis, leurs émotions. C’est ce que nous
tentons de faire sur le groupe. Dire ce que nous ressentons. J’imagine que
c’est parfois aussi rencontrer l’autre qui est en nous et que nous ne voyons
pas.
Parfois les jeunes
n’adhèrent pas. Ils ne comprennent pas vraiment l’intérêt de telles sorties.
C’est une démarche un peu longue à laquelle je les convie. Mais je ne leur
demande pas d’emblée d’être disponible. Quand nous entrons dans les musées je
leur dis qu’il faut envisager ça comme une promenade. On n’est pas obligé de
tout regarder. Il faut se laisser porter et s’arrêter devant ce qui nous parle,
nous interpelle. Glaner ici et là. »
Promenade au musée de l'Homme (et de la Femme) ! |
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