mardi 7 janvier 2020

Snoezelen : Le voyage sensoriel.

Depuis la rentrée 2019, L’IME Zazzo s’est dotée d’une salle de relaxation Snoezelen.

L’espace Snoezelen est un outil médiateur centré autour de la construction d'une sécurité psycho-corporelle, dans un cadre contenant reposant sur des sollicitations sensorielles et de stimulation des sens.

C’est un espace ou tout est mis en œuvre pour apaiser les personnes qui s’y trouvent, et leur faire éprouver de nouvelles sensations depuis les cinq sens pour appréhender le monde qui les entoure, et parfois les submerge. Lieu protégé, doux, englobant, rassurant. Lieu de découverte et d’expérimentation prenant le corps comme prétexte pour aller à la rencontre des formes, de la lumière, des matières et de soi-même.

Ce n’est pas spécifiquement la détente qui est recherchée, mais la présence à son corps immobile et relâché. Cette attention réceptive à son propre corps induit une détente musculaire, respiratoire, un état de calme mental réduisant le stress ou l’anxiété.

Cet espace à pour mission de rendre à la personne la conscience de sa réalité corporelle, de lui permettre de s’ouvrir au contact avec soi-même et avec son environnement de façon profonde.

Entrer dans un rapport nouveau avec soi-même. Avoir accès à un espace intérieur de tranquillité et de construction pour ensuite élaborer de nouveau rapport avec le monde.
LE CONCEPT

Développé dans les années 1970 par deux jeunes Hollandais (Ad Verheul et J. Hulsegge). Le terme «Snœzelen» est la contraction de Snueffelen (renifler, sentir) dont la dimension est plutôt active, de découverte, de curiosité, de stimulation. Et de doezelen (somnoler), qui renvoie davantage à une idée de calme, de sérénité et de détente et plaisir.

Snoezelen pourrait se traduire par un voyage autour de l’exploration sensorielle. Plus qu'une méthode, l'approche Snœzelen est une démarche d'accompagnement. C’est un état d'esprit, une rencontre, un positionnement d'écoute et d'observation, basé sur des propositions de stimulation, privilégiant la notion de « prendre soin ».

HISTORIQUE

En 1966, en Hollande le Snoezelen est une cafétéria sensorielle proposée pour des adultes handicapés.

En 1978, à Tilburg en Hollande, dans un centre pour personnes déficientes mentales, est installée une tente d’activités où les équipes travaillent avec des sons, des lumières, des ballons, et partagent des expériences tactiles et auditives avec le public. Durant les quelques années qui ont suivi, l’activité Snoezelen s’est développée rapidement notamment en Hollande, en Belgique et en Australie mais uniquement pour la prise en charge du handicap.

En 1980, l’approche est reprise en Angleterre suivant les mêmes concepts.

En 1986, en France, le Snoezelen trouve ses premiers utilisateurs dans les établissements accueillant des personnes polyhandicapées. Ce concept se décline à présent dans divers établissements médico-sociaux quelque soit la pathologie des personnes accueillies et depuis récemment, le concept est développé en gérontologie.
LES OBJECTIFS

Le Snoezelen ne se définit pas, il se vit, il se sent, dans la relation, dans l’intensité. Le Snoezelen est avant tout un état d’esprit qui s’attache de façon prioritaire à trois axes :
  • l’importance du respect de la personne.
  • la priorité aux expériences sensorielles.
  • la recherche de la détente et de la satisfaction.
Snoezelen permet la réhabilitation de la notion de plaisir, un éveil et une stimulation multi-sensorielle. C’est un lieu à part, ailleurs, qui laisse place à l’imaginaire, au rêve, à la subjectivité … Les colonnes à bulles, le matelas à eau, vont surprendre, éveiller la curiosité, attirer l’attention, apaiser …

Il permet également le développement d’un mode de communication non verbale, basée sur le toucher relationnel. En effet, Snoezelen est un espace où la relation est si intense qu’elle n’a pas besoin d’être rythmée par les mots. Les réactions, les regards, les sourires, les émotions, la gestuelle ont plus d’importance que n’en aurait un langage parlé. La communication non verbale prend là, plus qu’ailleurs un véritable sens.

Aussi, Snoezelen permet d’établir une relation intimiste qui ne doit être ni intrusive, ni envahissante. Et ainsi, améliorer la connaissance du résident, par l’observation de ses réactions, de son comportement lors des séances. C'est une rencontre où la sensorialité devient médiatrice de la relation, à la croisée du corporel et du psychique.

L’ESPACE SNOEZELEN

Le Snoezelen est un espace identifié dans une structure, et composé de couleurs, de matières, d’odeurs, de sons ...

L’atmosphère qui y est créée donne à ce lieu un caractère unique, inattendu laissant place à la découverte d’expériences sensorielles.

C’est un lieu contenant, rassurant, apaisant où la personne doit se sentir en sécurité, en confiance. La sécurité est un des éléments fondamental du Snoezelen. Il est évident que les personnes sont plus aptes à entrer en relation lorsque le climat les met confiance.

Il n’y a pas de prescription particulière pour les séances. En groupe, ou en individuel, le matin ou l’après-midi, en suivi à fréquence régulière ou spontanée, en tenue ou en civil, en chaussures ou pieds nus … bref chacun laisse la séance s’improviser en fonction de ce que le résident peut suggérer désirer.

Cette approche  peut se vivre à tout moment de la journée, à condition de prendre la peine et le temps de vivre chacune des expériences. Les objets ne sont que des supports. Seule la relation humaine, son intensité, son authenticité peuvent donner une véritable valeur à l’outil.

Cette médiation ne doit être ni contrainte, ni réglementée. Pour l’accompagnant, oser toucher l’autre, c’est aussi prendre le risque d’être touché, et d’être éventuellement déstabilisé par la puissance de la relation d’où un certain nombre de pré-requis pour lesquels il faut être particulièrement vigilant.

Le Snoezelen peut s’évoquer en formation, en discussions entre professionnels mais avant tout, le Snoezelen se vit, se vit de l’intérieur, intensément, avec authenticité. C’est grâce à des matières, des textures, des couleurs, des odeurs, des sons, qu’une atmosphère se créée, et, véritable invitation au voyage sensoriel, elle transporte le patient ailleurs, en lui offrant un espace de liberté, sans contrainte ni de temps, ni de rythme. La relation entre le soignant et le soigné s’instaure légitimement et délicatement. La séance peut alors commencer ...


© Le blog de la Mayotte
Maira Gall