A
revisiter l’histoire de La Mayotte telle que nous la relate Robert Commin, nous
voyons que les grandes orientations de soins et d’accompagnement auprès des
enfants, telles qu’elles sont développées actuellement, étaient en germe et
explorées il y a de cela quelques décennies. Nous réalisons, entre autre, que
l’aspect thérapeutique de la prise en charge, est déjà, à la fin des années 50,
largement investi.
En
1959 viennent à la Mayotte : 2 psychiatres pour effectuer 6 vacations
d’une ½ journée par semaine, 1 pédiatre, 2 psychomotriciens, 1 orthophoniste et
2 psychologues. Ils reçoivent les enfants individuellement ou en petit groupe
pendant les heures de classe ou lors des activités manuelles ou physiques.
Durant les années 50, les psychologues utilisent beaucoup les tests de niveau
d’efficience, plus rarement des tests projectifs. Ils se défendent d’une
interprétation seulement fondée sur le résultat chiffré. Ils analysent
longuement l’attitude de l’enfant devant les taches proposées pour ensuite
comparer les comportements à quelques mois d’intervalle. Les entretiens
individuels proposés par le psychologue sont de deux types. Aux entretiens de contrôle s’ajoutent pour
quelques enfants des psychothérapies systématiques.
Il
est également observé que beaucoup d’enfant souffrent de «dysfonctionnement de
la réalisation motrice ». La
plupart bénéficient donc d’un suivi en psychomotricité. La séance s’adresse à
de petits groupes de 4 ou 5 enfants et dure 45 minutes. Elle comporte des
exercices variés : Relaxation, agilité, coordination, équilibre,
représentation et structuration spatio-temporelle.
L’orthophonie
est individuelle. Elle est proche du travail scolaire habituel. Elle permet de
débloquer des situations complexes au niveau des apprentissages nécessitant une
approche spécifique.
Le
médecin pédiatre, quand à lui, joue un rôle important dans l’établissement,
mais reste à l’écart de la vie collective. Il se réclame de la médecine
constitutionnelle. Il recherche les
dysfonctionnements neuro-hormonaux, les retards de croissance, pour évaluer
leur incidence dans la formation des troubles du comportement.
Le
rôle et la place du médecin psychiatre sont importants, mais suscitent parfois
de l’inquiétude auprès des enfants qui sont reçus à leur arrivée, puis 2 où
trois fois au court de l’année. Il peut proposer à certains enfants des
traitements médicamenteux. Les traitements sont discutés en réunion de
synthèse. Réunion à laquelle assiste le pôle thérapeutique. C’est une instance
interdisciplinaire. Elle permet de
verbaliser ce que chacun pense et observe d’un enfant.
Dans
les années 60 La Mayotte est devenu ce lieu où toutes les personnes qui
participent à l’éducation, la scolarité, la thérapie et la santé de l’enfant
conjuguent leurs savoirs, leur savoir faire et leur expérience spécifique en
fonction de leur champ d’action afin de lui proposer un panel varié de réponses
visant essentiellement à l’aider.
En
quinze ans, entre 1948 et 1963, une maison d’enfant destinée à héberger provisoirement
des enfants victimes de la guerre s’est métamorphosé en centre de Rééducation
Médico-Pédagogique à l’intention d’une population dont les caractéristiques se
sont dégagées progressivement de l’expérience conjointe de tous les
professionnels.