Arnaud c’est Le maître, le Master. Il y a cette rigueur, cette
certitude, ce pouvoir qui s’appuie sur l’évidence même de savoir qui on est, et
pourquoi, sans défection possible. Arnaud explique simplement, calmement, avec
distance et résolution que d’être bon dans ce qu’on fait n’est pas si simple,
mais qu’il est important de le reconnaître et de l’accepter, pour soi et pour
les autres :
"Je suis arrivé sur La Mayotte en juillet 2015, pour un
séjour. Je remplaçais Pierre-Alain qui s’était cassé le 5 ème Métatarse du pied.
Une expérience assez ... incroyable ... qui me prépara pour la rentrée
suivante. Cette première rencontre avec les enfants me donna les bases du type
de relation à tisser à l’avenir et quels besoins étaient les leurs.
Depuis que j’avais passé le concours, je voulais travailler avec
des enfants ayant des besoins particuliers. Ce que j’aime avec eux, c’est
qu’ils sont tous différents à leur manière. Ils sont d’une richesse incroyable.
Il y a quelque chose d’incroyable en eux.
Avec mes élèves je mets principalement l’accent sur le sentiment
de compétence, la relation à l’adulte, l’accompagnement didactique, la
valorisation, la métacognition, c'est-à-dire savoir qu’on peut appendre. C’est
une dimension essentielle de mon action avec eux. En effet comment entrer dans
les apprentissages si on est persuadé ne pas pouvoir y arriver. Je dois ouvrir
ce possible en eux et leur démontrer qu’ils le peuvent, qu’ils ont cette
capacité, cette ressource.
Cette année j’étais en formation CAPPEI (Le certificat d'aptitude professionnelle aux pratiques de l'éducation inclusive). Parce que je déploie un
vif intérêt pour le sport, tous les sports, j’ai décidé que mon sujet
serait : «L’EPS facteur favorisant le sentiment de compétence et le retour
vers les apprentissages ?»
L’année prochaine j’occuperai le poste d’enseignant référent de
scolarisation. Ce poste consiste à organiser des ESS (Equipes de Suivi de la Scolarisation), à mettre en lien les
familles, les établissements avec les structures d’aide comme la MDPH. Il
s’agit également de faire des recrutements AESH. Pour le dire simplement, je
vais accompagner des élèves en situation de handicap sur leur parcours, de la
maternelle au lycée.
Quelques souvenirs sur mon passage ici : Ma première chasse
aux Kroumphs, le rire de Marvin, avoir 14 élèves concentrés dans une même
classe, le Phoenix et la co-intervention avec Gilles. Nous voulions tenter
cette expérience de proposer un co-enseignement sur la littérature, en
particulier sur le conte et sa structure. Les élèves, en présence de deux
professeurs dans la même classe, sont sollicités différemment. Cela permet des
interactions qui casse la relation enseignant-enseigné parfois rigide et
unilatérale. En se retrouvant avec deux enseignants portant le même projet les
élèves ont d’avantages de réponses à ce qui les questionne ou ce sur quoi ils
achoppent. Deux enseignants n’ont pas les mêmes mots, les mêmes gestes et cela
donne d’autant de solutions.
Un tableau, une image, une œuvre d’art qui pourrait me
représenter? Le penseur de Rodin, sans hésitation."