Le 19 juin a eu lieu, à la
Mayotte, une rencontre entre des enfants, des parents, des professionnels et
l’équipe du défenseur des droits (plus d’infos en cliquant ICI), représenté par
M Nicolas Blanc, pour une matinée d’échange autour des parcours et de
l’évaluation des droits en ITEP.
Cette rencontre faisait écho à la
participation de jeunes de la Mayotte, le jeudi précédent, à un rallye organisé
dans le cadre du projet JADE (Jeune Ambassadeurs des Droits auprès des
Enfants). Ce rallye proposait des questions pédagogiques abordant les droits de
l’enfant autour de thématiques essentielles, guerre, expression, famille loisir
et santé … « un jeu de cartes sur ce qu’on a le droit et pas le droit de
faire » commente Noah, jeune modérateur de cette table ronde.
En préambule, M Blanc a tout
d’abord rappelé l’indépendance de l’instance qu’est le défenseur des droits,
notamment au regard des problématiques de droit en santé mentale.
Les parents présents ont eu
l’occasion de pouvoir exprimer la manière dont ils vivent le parcours de leurs
enfants, entre milieu ordinaire et institutions spécialisées, nous retenons de
leur témoignage :
« Je n’étais pas d’accord. A
l’école, on manquait d’infos et d’explications. J’avais l’impression de ne pas
avoir le choix. Mais avec le temps, l’encadrement à l’ITEP vient comme un
soulagement, on prend du recul. »
« Au début, on est perdu
dans un labyrinthe de sigles, on ne sait pas trop ce qui est fait ici. On a du
mal à faire confiance. Mon enfant avait du mal à dire ce qu’il
ressentait. »
Au fil des échanges, les parents
pointent le manque de temps et d’information, et décrivent le manque de
communication coordonnées avec les intervenant de l’éducation nationale
« qui voient les choses et interviennent de loin. Il y a beaucoup
d’acteurs, mais cela manque de liant à l’école ».
En ce qui concerne l’ITEP, ils
disent : « J’ai l’impression de trop solliciter les équipes. Pour
moi, même un rendez-vous téléphonique est important. Cela m’aide à savoir où on
en est, et comment nous comporter. Nous aussi on a besoin d’encouragements pour
progresser. »
Pour les parents, l’instruction
scolaire est primordiale, avec une peur d’une prise de retard trop importante.
Puis les jeunes prennent la
parole, sans langue de bois, et parlent des problèmes rencontrés en milieu
ordinaire avant d’arriver à la Mayotte. Ils expriment aussi clairement que les
adultes restent pour eux les référents primordiaux en matière d’accès au
droit : infirmier, policier, éducateurs …
A la question « comment
est-ce qu’on arrive ici ? », plusieurs points communs
reviennent : bagarres, colère, exclusions à répétition, déscolarisation
…
« Je me sentais bien à l’école, mais sans
mon traitement, je me défoulais ».
« Quand je suis arrivé à la
Mayotte, je l’ai vécu comme un renvoi, on ne m’a pas donné
d’explication. Mais maintenant ça se passe bien entre le temps à la
Mayotte et le collège. »
«En apprenant à gérer nos
émotions, on gagne en maturité. »
Les jeunes sont les premiers à
questionner et à vouloir s’emparer du projet d’orientation :
« J’ai un projet, je ne suis
pas là pour rien, ça compte l’orientation. »
« On fini par comprendre
qu’être rejeté de l’école, ce n’est pas une maladie. »
Ces échanges ont permis à M François Delacourt, directeur de la Mayotte,
d’apporter des précisions concernant la durée du temps de parcours, et la
volonté de favoriser l’inclusion en milieu ordinaire.
« En moyenne, nous accompagnons
un enfant 3 ans. Mais en évitant les ruptures brutales, pour ne pas vivre les
allers-retours ou l’orientation en ITEP comme un rejet. »
Enfin, les enfants ont montré
toute l’importance des dispositifs de pédagogie institutionnelle, en
particulier les « ronds » qui permettent aux enfants et aux équipes
de discuter ensemble de la vie du fonctionnement des groupes, mais aussi du
rôle des délégués : « dire la vérité, associer les jeunes qui ne sont
pas là tout le temps et montrer l’exemple ».