mardi 17 juillet 2018

Une rencontre avec les représentants du défenseur des droits.


Le 19 juin a eu lieu, à la Mayotte, une rencontre entre des enfants, des parents, des professionnels et l’équipe du défenseur des droits (plus d’infos en cliquant ICI), représenté par M Nicolas Blanc, pour une matinée d’échange autour des parcours et de l’évaluation des droits en ITEP.

Cette rencontre faisait écho à la participation de jeunes de la Mayotte, le jeudi précédent, à un rallye organisé dans le cadre du projet JADE (Jeune Ambassadeurs des Droits auprès des Enfants). Ce rallye proposait des questions pédagogiques abordant les droits de l’enfant autour de thématiques essentielles, guerre, expression, famille loisir et santé … « un jeu de cartes sur ce qu’on a le droit et pas le droit de faire » commente Noah, jeune modérateur de cette table ronde.

En préambule, M Blanc a tout d’abord rappelé l’indépendance de l’instance qu’est le défenseur des droits, notamment au regard des problématiques de droit en santé mentale.

Les parents présents ont eu l’occasion de pouvoir exprimer la manière dont ils vivent le parcours de leurs enfants, entre milieu ordinaire et institutions spécialisées, nous retenons de leur témoignage  :

« Je n’étais pas d’accord. A l’école, on manquait d’infos et d’explications. J’avais l’impression de ne pas avoir le choix. Mais avec le temps, l’encadrement à l’ITEP vient comme un soulagement, on prend du recul. »

« Au début, on est perdu dans un labyrinthe de sigles, on ne sait pas trop ce qui est fait ici. On a du mal à faire confiance. Mon enfant avait du mal à dire ce qu’il ressentait. »
Au fil des échanges, les parents pointent le manque de temps et d’information, et décrivent le manque de communication coordonnées avec les intervenant de l’éducation nationale « qui voient les choses et interviennent de loin. Il y a beaucoup d’acteurs, mais cela manque de liant à l’école ».

En ce qui concerne l’ITEP, ils disent : « J’ai l’impression de trop solliciter les équipes. Pour moi, même un rendez-vous téléphonique est important. Cela m’aide à savoir où on en est, et comment nous comporter. Nous aussi on a besoin d’encouragements pour progresser. »

Pour les parents, l’instruction scolaire est primordiale, avec une peur d’une prise de retard trop importante.

Puis les jeunes prennent la parole, sans langue de bois, et parlent des problèmes rencontrés en milieu ordinaire avant d’arriver à la Mayotte. Ils expriment aussi clairement que les adultes restent pour eux les référents primordiaux en matière d’accès au droit : infirmier, policier, éducateurs …

A la question « comment est-ce qu’on arrive ici ? », plusieurs points communs reviennent : bagarres, colère, exclusions à répétition, déscolarisation …  

 « Je me sentais bien à l’école, mais sans mon traitement, je me défoulais ».

« Quand je suis arrivé à la Mayotte, je l’ai vécu comme un renvoi, on ne m’a pas donné d’explication. Mais maintenant ça se passe bien entre le temps à la Mayotte et le collège. » 

«En apprenant à gérer nos émotions, on gagne en maturité. »

Les jeunes sont les premiers à questionner et à vouloir s’emparer du projet d’orientation :
« J’ai un projet, je ne suis pas là pour rien, ça compte l’orientation. »

« On fini par comprendre qu’être rejeté de l’école, ce n’est pas une maladie. »

Ces échanges ont permis à  M François Delacourt, directeur de la Mayotte, d’apporter des précisions concernant la durée du temps de parcours, et la volonté de favoriser l’inclusion en milieu ordinaire.

« En moyenne, nous accompagnons un enfant 3 ans. Mais en évitant les ruptures brutales, pour ne pas vivre les allers-retours ou l’orientation en ITEP comme un rejet. »    

Enfin, les enfants ont montré toute l’importance des dispositifs de pédagogie institutionnelle, en particulier les « ronds » qui permettent aux enfants et aux équipes de discuter ensemble de la vie du fonctionnement des groupes, mais aussi du rôle des délégués : « dire la vérité, associer les jeunes qui ne sont pas là tout le temps et montrer l’exemple ».

© Le blog de la Mayotte
Maira Gall