Je suis arrivé en septembre 2017 à la Mayotte, sur
l’ITEP René Laborie. Avant ça, j’ai travaillé pendant 20 ans dans la
communication événementielle. J’ai arrêté parce que je voulais donner un autre
sens à ma vie, œuvrer pour le bien
d'autrui. J’ai cherché quoi faire, où me diriger.
J’ai prospecté. La psychomotricité s’est imposée à moi parce qu’elle allie deux
domaines à mon sens essentiels : Le corps et le psychisme. Le psychomotricien est un créateur dans
le vaste champ qu’il occupe. Avec mon patient je pars de ce qu’il est, de sa problématique et de ses centres d’intérêts. Je
m’appuie sur sa globalité pour lui offrir des réponses adaptées. J’écoute,
j'observe, je m’adapte. Je décline des médiations thérapeutiques en
fonction des patients. J’ai un nombre considérable d’outils à mon service.
C’est là, la vraie force de la psychomotricité :
sa
richesse créative et sa modularité.
Avec les jeunes accueillis ici, il faut beaucoup
d’adaptabilité, de souplesse aussi. Il faut aussi
savoir se faire reconnaître, parce que souvent je suis assimilé à un psychologue.
Cette année j’ai mis en place un atelier pendant
l’activité piscine. J’y faisais une prise en charge individuelle alors que
l’éducateur était avec le reste du groupe. Je coiffais le jeune d’un bonnet en
néoprène sur les yeux sans occulter totalement la lumière. Je lui mettais des
écouteurs, le calais sur deux frites et lui faisait écouter du Mozart. La
sérénade n°10 en si bémol majeur dite Gran Partita. Mozart parce qu’il est
réputé donner à entendre une musique énergisante, active tout en étant
relaxante et calmante. Ce n’était donc pas un choix anodin. Pendant cinq
minutes j’accompagnais le jeune dans une flottaison guidée, suivie d’une
flottaison libre, le tout s’achevant par un temps de verbalisation toujours
extrêmement positif et laissant à penser que des mouvements psychomoteurs
étaient en jeux. Ce dispositif créait une bulle sensorielle permettant au jeune
de se recentrer sur son vécu corporel. Cet atelier est en lien direct avec le
mémoire que j’ai présenté le 14 juin ; Comment une action sur la
plasticité cérébrale peut-elle être un levier thérapeutique pour le
psychomotricien dans la recherche d’un abaissement des troubles du
comportement agressif en ITEP.