lundi 8 juillet 2019

Portrait mayotte : Thomas, psychomotricien.



Je suis arrivé en septembre 2017 à la Mayotte, sur l’ITEP René Laborie. Avant ça, j’ai travaillé pendant 20 ans dans la communication événementielle. J’ai arrêté parce que je voulais donner un autre sens à ma vie, œuvrer pour le bien d'autrui. J’ai cherché quoi faire, où me diriger. J’ai prospecté. La psychomotricité s’est imposée à moi parce qu’elle allie deux domaines à mon sens essentiels : Le corps et le psychisme. Le psychomotricien est un créateur dans le vaste champ qu’il occupe. Avec mon patient je pars de ce qu’il est, de sa problématique et de ses centres d’intérêts. Je m’appuie sur sa globalité pour lui offrir des réponses adaptées. J’écoute, j'observe, je m’adapte. Je décline des médiations thérapeutiques en fonction des patients. J’ai un nombre considérable d’outils à mon service. C’est là, la vraie force de la psychomotricité :
sa richesse créative et sa modularité.

Avec les jeunes accueillis ici, il faut beaucoup d’adaptabilité, de souplesse aussi. Il faut aussi savoir se faire reconnaître, parce que souvent je suis assimilé à un psychologue.

Cette année j’ai mis en place un atelier pendant l’activité piscine. J’y faisais une prise en charge individuelle alors que l’éducateur était avec le reste du groupe. Je coiffais le jeune d’un bonnet en néoprène sur les yeux sans occulter totalement la lumière. Je lui mettais des écouteurs, le calais sur deux frites et lui faisait écouter du Mozart. La sérénade n°10 en si bémol majeur dite Gran Partita. Mozart parce qu’il est réputé donner à entendre une musique énergisante, active tout en étant relaxante et calmante. Ce n’était donc pas un choix anodin. Pendant cinq minutes j’accompagnais le jeune dans une flottaison guidée, suivie d’une flottaison libre, le tout s’achevant par un temps de verbalisation toujours extrêmement positif et laissant à penser que des mouvements psychomoteurs étaient en jeux. Ce dispositif créait une bulle sensorielle permettant au jeune de se recentrer sur son vécu corporel. Cet atelier est en lien direct avec le mémoire que j’ai présenté le 14 juin ; Comment une action sur la plasticité cérébrale peut-elle être un levier thérapeutique pour le psychomotricien dans la recherche  d’un abaissement des troubles du comportement agressif en ITEP.




© Le blog de la Mayotte
Maira Gall