mardi 10 octobre 2017

Il était une fois ...


Oriane Seyer, psychologue et Frédéric Sanchez, éducateur spécialisé, proposent en cette rentrée 2017 un groupe thérapeutique innovant. Ils nous exposent ici les enjeux et les objectifs de ce projet qui se déroulera au sein de l’ITEP Robert Commin.

Oriane Seyer :

« Nous avons décidé avec Frédéric d’utiliser pour médiation de ce groupe un jeu de société appelé Il était une fois. Ce jeu s’appui sur des images pour convoquer l’imaginaire.  Le dispositif que nous allons mettre en place depuis l’utilisation de ce jeu, vise à répondre de manière spécifique aux difficultés rencontrées par les enfants, les besoins que nous repérons chez eux et repose sur notre désir de travailler ensemble. Ce jeu sera le support permettent de raconter, de se raconter et d’inventer des histoires.

Nous proposerons cet atelier à quatre enfants de l’ITEP Robert Commin. Il est question, déjà, de constituer un groupe. Etre ensemble, construire avec l’autre, avec les autres et donc de trouver sa place au sein du collectif tout en laissant une place à l’autre. Conjuguer au cœur de la relation, co-construire. Nous posons comme principe que la résonance de l’imaginaire entre les intervenants permettra de faire émerger une pensée qui a du mal à s’exprimer dans la relation duelle thérapeutique. Cela s’adresse à des enfants qui ont des possibilités d’élaborations qui restent empêchée et à terme nous visons à relancer des processus de pensées et de symbolisation.

Ce jeu de société que nous utilisons est important dans la mesure où il crée du tiers, un intermédiaire. A travers ce support les enfants ne parleront pas directement d’eux, ils ne seront pas directement exposés. Ils seront dans un décalage permettant d’aborder quelque chose du lien à l’autre, leurs émotions, leur histoire, sans qu’ils y soient pris comme sujet principal.

Parallèlement, Frédéric et moi allons, nous aussi, devoir construire ensemble.  L’interdisciplinarité est une des idées fortes de ce projet.  C’est aussi une manière de co-construire. Cette association est amenée à évoluer en fonction de ce que les enfants amèneront. Nous voulons nous laisser porter par leur imaginaire, ils nous guideront et pour cela nous allons nous appuyer sur le fait que dans la tête des enfants, dans leur représentation, un éducateur et une psychologue ce n’est pas la même chose. Nous avons des fonctions et des places différentes, mais de par notre association, dans ce cadre rassurant, naîtra quelque chose qui ne peut s’exprimer ailleurs depuis la manière de le recevoir. »

Frédéric Sanchez :

« En tout premier lieu cet atelier est interdisciplinaire, c’est un choix. Pour l’enfant, avoir deux interlocuteurs occupant des fonctions dans des champs différents, permet de lever des défenses. C’est une réelle richesse parce que l’enfant ne s’adresse pas à nous pour les mêmes choses. Nous sommes deux regards complémentaires.

Avec Oriane nous sommes partis de ce constat qu’il est important pour les enfants que nous accompagnons de ne pas travailler essentiellement sur les registres du réel et du symbolique, mais aussi d’investir l’imaginaire. A travers l’imaginaire ils peuvent parler d’eux sans crainte. Généralement ils sont coupés de l’émotion de base qui les envahie et ne peuvent y accéder. Il s’agit là de déplier quelque chose de cette émotion enfouie, étouffée.  Créer un lieu où l’agressivité pourra s’exposer autrement et aiguiller sur un chemin qui permettra d’aller contre la confusion. A mon sens l’imaginaire permet de jouer un rôle et il est établi que les enfants entendent les histoires, les contes, en y projetant énormément.  Le loup n’est pas qu’un loup dans un conte, il véhicule plus loin, il condense un grand nombre de peurs, de fascinations aussi. Nous voulons travailler avec l’imaginaire des enfants, le mettre en avant, y mettre du sens pour faire émerger ce qui pour eux est difficile à parler, à penser.  Parce que parler n’est pas si facile, utiliser un support extérieur est important. C’est pour cela que nous utiliserons le jeu Il était une fois.

Nous aimerions que le groupe que vont constituer les enfants soit comme un instrument, une caisse de résonance, mais la partition n’est pas écrite. Nous allons composer ensemble.  Nous ne savons pas où les enfants vont nous mener par le biais de leur imaginaire, ailleurs certainement. Nous allons voyager ensemble, cheminer. Nous ne savons pas si nous produirons quelque chose à l’arrivée. L’idée n’est pas forcément de laisser une trace. Bien sur nous aimerions que les enfants inventent une histoire, mais ça reste à voir. L’objectif principal est de les ramener vers la parole, une autre parole, une autre façon de se situer dans le monde des émotions, dans le monde tout simplement. »
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Maira Gall